La Tomate Cerise

Il était une fois, dans les pages poussiéreuses d’un vieux livre publié en 1623, un botaniste suisse nommé Caspar Bauhin. Dans son ouvrage intitulé Pinax theatri botanici, il décrivait une plante intrigante, formant de jolies grappes rouges qui ressemblaient à des cerises. Il la nomma alors Solanum racemosum cerasorum forma. Ce fut la première fois, semble-t-il, qu’on posa les yeux — et un nom — sur ce que nous appelons aujourd’hui la tomate cerise.
Autour d’elle, d’autres cousines sauvages grandissaient : la minuscule tomate groseille (Solanum pimpinellifolium) et la tomate des Galápagos (Solanum cheesmaniae), qui donnaient elles aussi de minuscules fruits, souvent fragiles et peu savoureux. Mais même ces espèces discrètes allaient jouer un rôle : grâce aux croisements effectués par des sélectionneurs, elles allaient contribuer à créer des variétés nouvelles, plus goûteuses, plus résistantes aux maladies, et capables d’affronter les caprices de la nature.
Puis vint la fin du XXe siècle. En Israël, à la faculté d’agriculture de Rehovot, des chercheurs se penchèrent avec passion sur la petite tomate cerise. Dans les années 1990, ils mirent au point une variété innovante : la Tomaccio, une tomate sucrée, parfumée et solide, née d’un long travail de sélection. Dès 1996, ses petits fruits rouges firent une entrée remarquée sur les étals du monde entier — et le succès fut immédiat.
Aujourd’hui, les tomates cerises ont conquis la planète. Croquantes, juteuses, éclatantes de saveur, elles sont le fruit d’une longue aventure botanique, partie des Andes, passée par les Antilles, racontée dans les livres anciens, et perfectionnée dans les laboratoires d’ingénieurs passionnés.